LA POLITIQUE RÉGIONALE EN FAVEUR DE L’EAU

 

 

 

Questions à Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine

 

 

 

 

Vous êtes depuis 2016 le président de la Région Nouvelle-Aquitaine qui réunit les anciennes régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes. La Région soutient l’initiative du Centre d’Essais Roger Ben Aïm de l’IFTS, connaissez-vous ce projet et pouvez-vous nous dire ce qui a motivé l’intérêt de la Région pour cette initiative ?

L’Institut de la Filtration et des Techniques Séparatives (IFTS) est une structure que la Région et moi-même connaissons particulièrement bien, puisque cette association a été soutenue dès sa création en 1981, par la Région Aquitaine. Le projet de Centre d’Essais Roger Ben Aïm, de l’IFTS, est bien entendu financé par la Région et je me félicite de la future existence d’un Centre d’Essais sur l’Eau à Agen, qui permettra d’asseoir encore plus l’attractivité économique et scientifique de la Nouvelle-Aquitaine dans la filière industrielle de l’eau. J’ai depuis plusieurs décennies, favorisé l’émergence de Centres Ressources Technologues pour soutenir l’industrie à partir des compétences que ces structures acquièrent auprès des Laboratoires Universitaires par le ressourcement scientifique. L’IFTS est un CRT de renom, labéllisé par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, reconnu internationalement. Il a vocation à permettre l’émergence de technologies innovantes dans le domaine des Techniques Séparatives. Le Centre d’Essais Roger Ben Aïm, extension de l’IFTS, jouera ce rôle dans le domaine spécifique du traitement de l’eau (eaux usées, eaux potables, eau pluviales…) en permettant à des industriels de tester leur matériels dans leur cycle de développement.

La Nouvelle-Aquitaine veut s’affirmer comme une terre d’eau. Les concertations organisées cette année, accompagnées d’états des lieux, ont permis d’en saisir les enjeux. Quel constat personnel faites-vous ? Quels sont les dossiers majeurs liés à l’eau que vous allez porter et avec quelle priorité ?

L’eau est un élément universel et fondamental pour la vie, mais il n’est malheureusement pas disponible en quantité illimitée. Il est ainsi primordial de préserver cette ressource tout en permettant des usages équilibrés. C’est pour cette raison que j’ai souhaité mener une large concertation à laquelle l’ensemble des parties-prenantes de l’eau, dont l’IFTS au travers du Cluster Eau et Climat, ont pu prendre part.

L’état des lieux scientifique mené n’a fait que renforcer mes craintes quant à l’impact du changement climatique sur la ressource en eau. En effet, les évolutions du climat (hausse des températures, modifications des régimes de précipitations, baisse des débits moyens des cours d’eau…) vont avoir des conséquences non négligeables sur les usages de l’eau (eau potable, usages économiques, …). Aussi, il est nécessaire de faire de l’eau une question centrale de l’adaptation au changement climatique. La disponibilité et la qualité de l’eau représentent deux des principaux défis des prochaines années. L’IFTS et son futur centre d’essai auront un rôle essentiel à jouer sur la question du traitement de l’eau en particulier pour gérer le sujet émergent des micropolluants des eaux urbaines (résidus médicamenteux et composés chimiques divers).

Pour renforcer leurs actions plusieurs organisations ayant un lien avec l’eau se sont regroupées dans le pôle Aqua Valley. Les pôles et les clusters, comme par exemple celui créé à Agen intitulé Eau et Climat sont-ils à votre avis des structures efficaces de promotion et de valorisation des savoirs ?

L’attractivité économique de la Nouvelle-Aquitaine dépend en grande partie de la compétitivité de ses filières industrielles. Pour soutenir leur développement, le Conseil régional  développe une politique volontariste qui repose sur une connaissance du monde des entreprises et sur son rapprochement avec les univers de la recherche et de la formation. Les clusters sont de réels facilitateurs pour que ces synergies et coopérations naissent et se développent.

Nous sommes riches, en Nouvelle-Aquitaine, d’entreprises qui œuvrent et innovent dans le domaine de l’eau. Aussi, j’ai souhaité, au regard des échanges que j’ai pu avoir avec les acteurs économiques de l’eau, soutenir une réflexion qui s’engage autour de la création d’un cluster ou d’une fédération de cluster sur l’eau. Un état des lieux des forces-vives en région est en cours (l’IFTS, avec son futur Centre d’Essais Roger Ben Aïm, est bien sûr identifiée comme l’une d’entre elles); il va permettre d’identifier les coopérations possibles.

Le Centre d’Essais Roger Ben Aïm, au travers de l’IFTS, est soutenu par l’Europe. Quelle sera l’action de la Région en ce qui concerne l’eau auprès de l’Europe ? Quel impact sur l’industrie et sur la vie des citoyens ?

Ne serait-ce qu’au travers de son rôle d’autorité de gestion des fonds européens, la Région dialogue régulièrement avec les instances européennes. Or comme je l’ai évoqué ci-dessus, nous sommes devant des défis importants en matière d’eau et de ses usages. Aussi la Région portera ces défis au niveau européen afin que soient pris en compte les besoins d’accompagnement, notamment des acteurs économiques, pour s’adapter aux effets induits du changement climatique sur la disponibilité de la ressource et sa qualité. La Région a l’autonomie de mobiliser, par le FEDER, des fonds européens pouvant être sur des thématiques liées à l’eau comme cela a été fait pour une part du financement du Centre d’Essais Roger Ben Aïm.

Peut-on considérer que les régions françaises agrandies constituent une nouvelle forme de pouvoir, plus puissante et plus efficace ? Que peut faire la Région pour améliorer la gestion de l’eau ?

Les Régions prennent en effet depuis plusieurs années une place importante et deviennent incontournables sur le secteur économique. Le transfert de l’autorité de gestion des fonds européens par l’Etat est une réelle reconnaissance de l’action que les Régions peuvent mener en proximité. En ce qui concerne la question de l’eau, je souhaite, compte tenu du rôle essentiel que va jouer demain cette ressource, que la Région Nouvelle-Aquitaine en soit un acteur majeur. Elle doit en particulier accompagner le développement et l’animation d’une gouvernance de proximité au plus près des acteurs de terrain.

L’environnement, le développement durable, sont des thématiques désormais bien installées dans les têtes des Français. Quelle priorité accordez-vous au plan régional à ces thématiques ? Est-ce suffisant ?

La diversité des milieux, de la faune et de la flore, la diversité des paysages, sa dominante rurale, font de notre Région un territoire attractif. Toutefois, nous savons que nombreuses pressions pèsent aujourd’hui sur l’environnement, ne serait-ce que du fait du changement climatique et de ses impacts. C’est pourquoi, nous souhaitons au travers de nos différentes politiques être des catalyseurs de la transition énergétique et écologique. C’est ainsi que nous soutenons de nombreuses initiatives pour le développement des énergies renouvelables (stockage, …) ou bien des actions en faveur de la préservation des écosystèmes avec par exemple la création d’un projet scientifique inédit autour de la biodiversité; le GIEC biodiversité néo-aquitain.

Pensez-vous que le Centre d’Essais Roger Ben Aïm puisse être un atout régional, voir national et international et pourquoi ?

Je ne peux que me féliciter du développement d’un nouveau centre de recherche sur l’eau en Nouvelle-Aquitaine. Bien entendu, ce centre a vocation à rayonner aussi bien localement que nationalement mais devra également se projeter à l’international pour valoriser ses savoir-faire et compétences.

Serez-vous présent à l’inauguration du Centre d’Essais Roger Ben Aïm en 2018 ?

Bien entendu, ce sera avec joie que je répondrai à l’invitation de l’inauguration de ce centre.

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